Ces dernières années, les stages d’Aïkido ont un peu changé en évoluant et en se multipliant sur de petits créneaux en plus des prestations proposées durant les weekends. C’est vraiment une superbe idée, mais malheureusement pas donnée à tout le monde. À savoir ceux qui n’en ont pas les moyens. Dernièrement, j’en ai discuté avec des pratiquants qui m’ont pratiquement tous dit la même chose. « J’aimerais bien, mais c’est un budget supplémentaire que je ne peux pas me permettre». Les constats sur l’augmentation des tarifs allant de gratuit à 10€ pour les plus honnêtes et de 35€ à plus pour les ‘stars’ pour des prestations d’une heure à une heure trente…C’est devenu plus un business qu’une transmission honorifique. Attention, je peux comprendre qu’un enseignant invité soit pris en charge pour les trajets, l’hébergement et les repas en cas de longs stages.

capitalisme

Par contre, demander un salaire parfois astronomique est bien loin de l’idée que je pouvais me faire de la transmission du savoir. Chacun est libre de pratiquer comme il l’entend, mais il est vraiment difficile pour la classe moyenne de pouvoir participer, acquérir et profiter des compétences d’experts en prévoyant un budget mensuel quand ce budget est serré. Je sais que les stages ne sont pas obligatoires, mais ils font partie du cursus de progression du pratiquant en dehors du dojo où il s’exerce. En France, la plupart des clubs d’aïkido sont des associations soutenues par le gouvernement. Le plus gros avantage, est d’avoir la possibilité au sein d’une commune d’avoir un dojo pour les plus chanceux ou une salle prêtée gracieusement ou à un tarif dérisoire pour les autres. Dans les autres pays, du moins en Europe, ce n’est pas la même chose. Les dojos sont pour la plupart privés et coûtent très cher à l’achat, à la location et à l’entretien. Cela pourrait certainement justifier les tarifs des prestations faites par des experts lors des stages, mais en France, quelle est la raison pour les dojos non-privés ? Arrondir ses fins de mois ? C’est probable pour ceux qui ont des difficultés à vivre correctement avec une petite retraite. Mais à ce niveau cela n’est plus de la passion transmissible, mais un travail alimentaire. Personnellement, je trouve ça déplorable qu’une association ne puisse pas se payer les prestations de certains. Je ne savais pas que l’aïkido était une branche d’Hollywood avec ses stars ‘bankable’. Ce genre de constat est à faire soi-même. Ce ne sont que mes propos. Si vous payez pour un stage, j’espère que l’enseignant pourra prendre un peu de temps pour ceux qui ont besoin d’explications et ne pas partir sans état d’âme après avoir fait son affaire ou avoir l’air saoulé quand on lui pose une question. Je ne suis ni expert, ni enseignant de renom, ni, ni, ni… juste un pratiquant qui essaie de transmettre un maximum de ce qu’il sait sans rien cacher. Cela permet d’éviter les pertes de temps inutiles qui mettent des années à être corrigées, que ce soit ici à Rosières où je donne des cours, ailleurs ou dans le dojo avec lequel je pratique. Il est évident qu’il ne faut pas interférer avec l’enseignant. Nous avons tous notre propre aïkido, celui que l’on se construit avec les années. Il est important de respecter un cours même si l’on n’est pas entièrement d’accord avec la démonstration. Nous ne sommes pas forcés de tout prendre, juste prendre l’essentiel. Pour ceux qui ne le savent pas, les maitres d’arts martiaux ne transmettaient leur savoir qu’à quelques élèves qui n’étaient pas 20, 50 ou plus… Les maitres avaient donc du temps à consacrer à chaque pratiquant. De nombreux dojos ne sont malheureusement plus que des vitrines affichant leur nombre de pratiquants. Il en va de même de toutes ces ‘stars’ qui listent leurs grades sur les affiches. J’ai même déjà vu sur des affiches pour des stages d’aïkido des listes grades qui n’avaient rien à voir avec l’aïkido. Comme si c’était essentiel pour un pratiquant de savoir que le prestataire a des grades ailleurs. Certainement un concours du plus grand égo entre dieux…

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