On m’a souvent posé cette question et la réponse que je donne, est évidemment OUI. Bon, certains vont crier « au loup », il faut respecter la hiérarchie, fermer sa gueule, etc… etc…
Oui, il faut respecter les règles de l’école dans laquelle vous pratiquez. Personnellement, je respecte la manière d’enseigner au Japon, que ce soit dans les années 70 ou aujourd’hui, mais je préfère vivre avec mon temps, adapter la pratique et laisser libre la parole de chacun sans pour autant laisser déborder les choses.
Ce n’est qu’un avis personnel, mais j’ai constaté avec les années, et je ne suis pas le seul, qu’en discutant, proposant, corrigeant, en tant qu’enseignant ou en tant que pratiquant, les progrès étaient plus rapides et moins diffus. Tous les enseignants ont une manière bien à eux de faire comprendre les choses. Malheureusement celles-ci ne fonctionnent pas avec tout le monde et parfois une aide extérieure peut être un bon moyen pour ne pas démoraliser le pratiquant sur sa progression. Beaucoup de débutants n’osent pas poser des questions pour comprendre ce qu’ils font ou comment ils doivent procéder. Certains finissent même par abandonner, car cela devient trop complexe juste en regardant.
Nous ne connaissons pas toutes les subtilités, les possibilités et tout ce qui va avec. Il serait prétentieux de s’accorder toutes les connaissances dans un domaine quel qu’il soit. Et entre nous, je préfère écouter des conseils possiblement productifs, plutôt que les déboires et les histoires trop personnelles d’alcooliques patentés. Si nous sommes tous réunis autour d’un tatami, c’est pour apprendre, s’aider mutuellement et passer un bon moment, peu importe le niveau. Je m’accorde à croire que l’on peut apprendre de toutes les écoles sans crier partout que celle-ci est meilleure qu’une autre. Ce genre d’idéaux, je préfère les laisser aux opportunistes…Vous savez, ceux qui collent l’enseignant pendant les photos ou durant les pauses bouffes pour se faire voir et pour peut-être gratter quelque chose au passage…
Il arrive assez souvent que durant des stages, les débutants soient évités par les plus expérimentés. Oui oui… c’est affolant, mais ça existe et ce n’est pas une minorité ! J’ai vécu cette minable expérience un jour lors d’un stage auquel je n’ai enfilé mon hakama que l’après-midi, car je l’avais oublié le matin. Ça doit être l’effet bouffe… j’ai certainement progressé pendant la pause méridienne. Eh bien, ceux qui m’avait ignoré à cause d’un problème de vue, sont venus travailler avec moi. Je sais que je n’aurai pas dû faire ce qui va suivre, mais sur le coup, ça m’a fait du bien. Un des teneurs de poche (allusion à Prison Break) hauts gradés de l’enseignant s’est avancé vers moi alors qu’un de mes anciens compatriotes sans hakama l’avait salué. J’ai trouvé cela inconvenable, donc j’ai décidé d’éviter cette personne en lui disant: « désolé, je préfère bosser avec lui, car je n’ai pas ton niveau ». Il a souri, rougi puis est reparti la lanière de son hakama entre les jambes.
Pourtant, ces personnes ont également été débutantes et il est tout à fait normal, selon moi, d’aider les nouveau-nés. Je n’arriverai jamais à comprendre cet égoïsme latent. Ce comportement réduit considérablement le désir inné de l’être humain d’aider son prochain. Quelle tristesse ! Gardons espoir et continuons de transmettre de la meilleure façon qui soit.